[Road trip en Islande] Partie 2 : le paradis du off-road à moto ?
09/07/2021Les Highlands, le paradis du off-road à moto en Islande ?
Vous avez 4 heures… 🙂
Avant de rentrer dans le vif du sujet, si tu veux te replonger dans le road book et les préparatifs, c’est ici. Et si, par hasard, tu n’as pas lu la 1ère partie, c’est par ici. Et si jamais tu as vraiment la flemme, voici le résumé express : on est parti avec V. et E. en Islande avec pour objectif de se goinfrer de F-Roads et de tout ce que tu ne peux pas faire facilement en y allant autrement qu’à moto.
Bref revenons à nos moutons !
Alors ok, je m’enflamme peut être un peu en affirmant que les Highlands seraient le paradis du off-road à moto en Islande… Mais franchement, si ça n’est pas le cas, on n’en est vraiment pas loin ! Et, comble du luxe, tout ça dans un vrai sentiment de sécurité puisque :
- tu peux déclarer tes déplacements et être « suivi » par les rangers,
- si tu es perdu en plein milieu de nulle part, tu trouveras forcément à proximité immédiate un panneau de directions avec distances et tout…
- et si jamais tu as besoin, tu as du réseau (presque) partout, inclus dans ton roaming d’ailleurs.
Mais reprenons les choses dans l’ordre…
Contenu de l'article
Objectif : les Highlands
A la base, on devait faire une boucle dans les Highlands en filant vers Askja en suivant la F910 et la F905. De là, on remontait vers le nord en prenant la F26 et la F 288. Ensuite, on revenait par la F752 finir la portion de F26 qui nous emmenait dans le Landmanalaugar. Si tu n’as pas en tête la carte de l’Islande, tu peux regarder à côté, ce sera plus clair.
Seul problème dans tout ça… La portion de F910 au sud d’Askja et la F26 étaient encore fermées lorsque nous sommes arrivés en Islande.
Du coup, premier arbitrage à faire ! Est-ce qu’on fait notre boucle à l’envers en espérant que tout soit ouvert dans la semaine, ou est-ce qu’on va vers Askja et on improvise ensuite ?
Alors, à ton avis ? On a fait quoi ? 🙂
Improvisation level 1
Bah oui ! La seconde solution, évidement !
Comme prévu, on refait le plein à Egilsstaðir, on remplit les réservoirs additionnels, et c’est parti !
Tu as en gros une centaine de kilomètres de bitume avant de prendre la première piste. Tu la récupères juste après le barrage (impressionnant) de Kárahnjúkavirkjun.
On se fait notre premier déj sur place. La popotte que V. transporte amoureusement depuis le départ passe le test avec succès. Le vent est galère à gérer mais on fait un rempart de rochers et ça va. On déguste notre premier repas lyophilisé en Islande 🙂 .
Après cette petite pause, on ajuste la pression des pneus (j’ai mis 2 bars à l’avant et à l’arrière) et on file sur la piste !
La première portion est très roulante, presque du gravel road. C’est parfait pour la mise en jambe. On commence à mettre du rythme, tout en profitant à chaque tour de roue des premiers paysages « off-road » que l’Islande nous offre.
C’est une partie totalement désertique qui jure avec la verdure qui longeait les premiers km de bitume. Tu es dans un monde à part ! Et dès les premiers km, tu te rends compte, également, que tu vas pas être embêté par la foule ! On a du croiser en 30 bornes 2 camping cars 4X4 en tout et pour tout. A ce stade, on distingue juste sur la ligne d’horizon les silhouettes des reliefs des hautes terres.
V. et E. pour qui c’est en fait leur première vraie expérience off-road ont pris leurs marques, ça avance bien. On pourrait mettre un peu plus de gaz, mais à quoi ça servirait ? C’est pas utile, et ça me permet de profiter de l’instant comme un goinfre. A ce stade, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes 🙂
Improvisation level 2
Je pense que durant les 80 premiers kilomètres, on aura traversé pas moins de 4 paysages différents !
Et autant de revêtements d’ailleurs… Du gravel, de la roche volcanique, de la lave, un peu de sable…
Et plus ça va, plus on s’enfonce dans les terres, plus c’est beau.
En prime on aura eu quelques gués également, mais alors, sincèrement, easy de chez easy à passer. Au pire on a eu de l’eau au dessus des genoux. Mais surtout, les fonds étaient globalement durs, sans trop de courant. Dans la mesure où on crevait de chaud (il faisait 27°C !), c’était presque rafraichissant ! 🙂
Tu comprends mieux pourquoi je te dis que l’Islande c’est le paradis du off-road à moto ?
Sauf que… Ce qu’on ne savait pas encore, c’est qu’on avait mangé notre pain blanc, pour cette première journée en tout cas !
L’enfer du sable
Histoire de ne pas trop remuer le couteau dans la plaie, je vais mettre les 2 pieds dans le plat et tuer le game direct ! On a mis plus de 3 heures à faire 30 kilomètres sur la F905 et la F910 ! Alors, c’est toujours le paradis du off-road l’Islande ? Là d’un coup ça ressemble plutôt à une bonne galère…
Pourquoi ça ?
A cause du sable !!! Ce p….n de sable qui est plus de la poussière qu’autre chose !!! Ce sable de malheur tellement fin qu’il ne porte même pas tes pieds quand tu les poses ! Alors imagines un maxi-trail là dedans ! Tu mets un peu trop de gaz et tu t’enfonces direct ! Si tu n’en mets pas assez, tu t’enfonces aussi ! Ta roue arrière tracte mais tu n’as pas le bon rythme, et c’est la gamelle assurée ! Mais si tu mets trop de rythme, tu te viandes aussi !
J’ai pas fait les comptes précis, mais perso, je suis tombé 3 ou 4 fois, E. a du tomber une petite dizaine de fois, et V. a du tomber… un peu plus encore. 🙂
Pour l’anecdote, lors de ma première gaufre, je me mets en position pour relever la meule, qui n’a pas bougé d’un cm pendant que moi je faisais une tranchée de 40 cm de profondeur dans le sable en glissant.
Alors ma solution pour passer ? Sortir cette foutue roue arrière en jouant sur le couple en démarrant en seconde pour tracter un peu, puis me caler à 25-30km/h sur quelques centaines de mètres, m’arrêter pour vérifier comment ça se passe derrière, et repartir. Et ainsi de suite…
Mais ça, c’était « ma » solution, et quand pour ta première vraie sortie off-road tu te manges ça, faut avoir le coeur accroché pour ne pas faire cramer ta meule sur le bord de la piste !
Franchement, à ce moment, ma crainte, c’était pas qu’on se fasse mal. Après tout, si on tombait, c’était comme sur un gros édredon… Non, ma crainte, c’était que V. et E. en aient ras le bol et ne profitent plus.
C’est aussi ça le off-road, en Islande ou ailleurs, il y a ces moments un peu durs 🙂
Askja la récompense
Mais on a géré ! Et je dois reconnaitre que E. et V. on sacrément bien géré même ! On est arrivé à la jonction avec la F88 qui nous indiquait qu’Askja n’était plus qu’à une petite quinzaine de km… Encore un ou deux passages sablonneux, mais on touchait au but.
Et quelle délivrance quand, alors que tu serpentes sur une piste creusée dans une coulée de lave, tu sors d’un virage et tu aperçois au loin les huttes du campement au pied du volcan !
On retrouve là-bas les 2 suisses qu’on a croisé un peu avant sur la route. Le premier roule en 701 (ma prochaine moto ??!!!) et l’autre en Yamaha T7. On échange un peu et quel soulagement quand eux aussi nous disent qu’ils ont galéré dans le sable, et qu’ils était à 40 km/h au max là dedans pour passer !
Hut Hut hut
On va à l’accueil du campement et coup de bol, il reste de la place dans une Hut (en fait, je pensais avoir annulé la résa qu’on avait faite mais non…) ! Et franchement, un matelas sera le bienvenu après notre journée. Bon en revanche, pour le prix qu’on a payé (200 balles à 3 sans les douches), on aurait pu acheter nos matelas et venir avec… Ça aurait juste été moins pratique sur la moto, encore que ça aurait protégé au cas où…
Et quand je parle de matelas, c’est vraiment à prendre au sens premier du terme, parce que dans la hut, tu as des dizaines de matelas alignés, et en gros, tu choisis celui sur lequel tu vas mettre ton duvet. Faut aimer la vie en collectivité ?. Moi je me suis foutu près du mur ?. Mais bon, on est bien, et après une bonne douche chaude, on dine dans la cuisine collective, et… On se pieute.
A star is born….
Ah ! Juste pour l’anecdote, si tu es hollandais, et si par le plus grand des hasard tu me lis, alors, tu devrais me voir passer à la télé avec les copains un soir au 20h ! On a eu la chance d’être interviewé par une équipe qui faisait un reportage sur les passionnés de moto en Islande 🙂 Et si jamais tu as le lien, je suis preneur 😉
Improvisation final level
Après une bonne nuit de sommeil, on encaisse toutefois une mauvaise nouvelle : la F910 et la F26 sont fermées. Toujours. Deux rangers nous disent que la F26 ouvrira « peut-être » dans la journée, mais de toute façon, on ne peut pas la récupérer car la jonction F910 était encore bouchée par de la neige.
Au passage, tu trouveras régulièrement des rangers sur le chemin, et quelques bénévoles. Tous sont ultra cool, parlent un anglais parfait, et sont là pour te rappeler comment profiter au mieux de l’Islande. Et également te faire délicatement prendre conscience des quelques interdits (genre pas de Off-Road en dehors des pistes…).
Du coup, on prend la décision de revenir un peu sur nos pas et de récupérer la F88 qui nous emmène au nord de l’île.
On vide les Desert Fox dans les meules (si tu as ça aussi, ou si tu prévois d’utiliser ça, petit conseil : pense à bien clipser le bec verseur, sinon, tu risques d’avoir une mauvaise surprise…), et on prend la route.
Je te confirme au passage que, le matin, les gués sont bien plus bas que l’après midi. Le dernier qu’on ait passé hier avant d’arriver au campement ressemblait ce matin plus à une ridicule petite flaque d’eau qu’à autre chose !
Long is the road
Pour ne pas perdre les bonnes habitudes, je manque de me viander à cause de ce fichu sable de la veille ! J’avais oublié qu’il restait quelques passages un peu compliqués sur la F910 ?. Mais on arrive à la jonction avec la F88 sans problème et on s’élance pour la remontada.
Cette F-road est tellement surprenante ! Il n’y a qu’en off-road que l’Islande peut t’offrir ça je crois !
Tu commences en longeant les volcans, et en serpentant dans les champs de lave, puis tu arrives dans une partie totalement désertique. Il ne manque que les boules de paille pour être au far west.
Puis, au détour d’un virage, tu arrives dans une véritable oasis de verdure avec une rivière monstrueuse. Ensuite tu mets les roues dans un champ de cailloux qui me rappelait le HDT :-).
Et puis tout ça ne serait rien sans quelques gués… Dont un plutôt impressionnant pour le coup ! De l’eau jusqu’aux cuisses, et pourtant, on suivait bien la corde tendue en travers de la rivière qui servait de guide. Pas mal de courant, et… Un bus de touristes qui, nous voyant arriver, descendent pour nous filmer 🙂 Another star is born… Oui je sais, j’abuse un peu là…
Bref, je t’ai dit que j’avais découvert le paradis du off-road à moto ? 🙂 Je sais plus… Dis moi si je radote 🙂
Off-road + Islande = fuite des neurones
Les copains avancent bien, le revêtement est safe, il reste une vingtaine de km avant de rejoindre la route 1… Bah…. C’est le moment parfait ! Ou le moment redouté (ou attendu c’est au choix). Ce fameux moment où tu te dis :
GGGGGggggggaaaaaaazzzzzzzz !!!!
Ou BBBBBbbbbbbrrrrrrrroooooooaaaaaaaaapppppppp !!!!!
Enfin tu vois de quoi je parle ! Le moment où tu mets ton cerveau sur off, où tout est déconnecté, comme l’ABS et l’antipatinage sur ta meule… Ce moment où d’un coup d’un seul tu tournes la poignée d’accel, tu fais patiner l’arrière avant de partir comme une fusée !
Il fait beau, il fait bon, je suis bien ! Pendant une trentaine de bornes, j’envoie tout ce que je peux ! Mais quel pied !!! Pendant 30 bornes, j’ai un ruban devant moi qui permet de tout anticiper ! Tu vois les différences de surface, tu vois les virages, tu vois les obstacles, tu vois tout ! Et du coup, je me paie même le luxe de m’assoir tranquillement et de continuer à en prendre plein les yeux au fur et à mesure. J’arrive à la jonction avec la route 1 mais comme je vois que j’ai un peu d’avance sur les copains, je me fais une petite boucle avant de revenir pour les attendre.
Objectif atteint : une rétine en moins 🙂
Bah voilà, ça, c’est fait ! Alors ok, pas tout à fait comme on l’imaginait. Mais au final, pour ces 2 premiers jours en Islande, on s’est fait pas loin de 300 km de off-road dans les Highlands d’après Liberty Rider 🙂 Et pas loin de 600 bornes en tout.
En rejoignant le nord ouest de l’île pour aller récupérer la F752, on est passé par le spot de Myvatn.
On s’est évidemment arrêté un peu pour profiter de la version plus confidentielle du Blue Lagoon mais tout aussi top je pense ! Alors c’est un peu cher (de mémoire, une trentaine d’euros l’entrée avec une conso offerte, mais bon, ça vaut la peine de s’y détendre et de profiter.
Juste avant (3 virages plus tôt pour être précis 🙂 ), on est également allé se promener au spot géothermal de Hverir qui est assez sympa à voir ! C’est juste sur le bord de la route 1, et dès que ça commence à sentir l’oeuf pourri, c’est que tu y arrives.
Je te passe toutes les autres petites pauses qu’on a pu faire avant d’arriver à Varmahlíð. Mais je peux te dire que même sur la route 1 tu en prends plein les yeux.
On était venu pour ça, mais je ne pensais pas que ce serait aussi beau, ni sur tout le trajet !
Vivement la partie montagneuse du Nord Ouest qui va nous ramener vers le sud de l’île dans les jours qui viennent !
Et c’est le moment de… patienter pour avoir la partie 3 🙂
Quelques photos souvenirs
L’itinéraire en détail
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Merci pour cette mine d’informations bien rédigée. Je vais revoir mon trajet qui devait prendre les 910 et 905 en duo avec un 1200 GSA pour passer par la 88 et faire un aller retour plutôt que de risquer de dégouter mon épouse dès notre arrivée en Islande.
Oui c’est peut être plus sage ? Après la 88 est vraiment belle et offre une grande variété de paysages, et tu ne t’ennuieras pas même en la faisant à l’aller et au retour.
Super récit…!!! ^_^
J’ai hâte de lire la suite de notre aventure ! On en a bien ch**r avec cette portion sablonneuse ! (enfin surtout moi… :-p)
Je suis parti avec une grosse appréhension en ce qui concerne la traversé des gués et aucune pour la partie sablonneuse ! Au final, la partie sableuse a été la partie la plus technique et difficile sur ce trip. A l’Islande, coeur avec les mains!
Je n’ai qu’une envie, y retourner !!
V.