Traverser l’Allemagne à la vitesse de l’éclair (oui j’ai osé…)

Traverser l’Allemagne à la vitesse de l’éclair (oui j’ai osé…)

21/08/2018 0 Par Pierre-Emmanuel BOURGOUIN

Allemagne, ça rime avec Autobahn ! Non ? Un peu quand même ?! Bah en tout cas pour un motard, Allemagne et vitesse, ça rime bien… En prime, tu fais un vers avec absence de limitation de vitesse… 

C’est pas grave, ça ne change pas grand chose au fond… Et quel fond ! Parce que parfois, il faut assumer d’être un c.. Même Libé en parle ! C’est dire 🙂

Das Autobahn…

Tägää kaveri kuka vois ottaa tällaisen tatuoinnin #motorcycling ... En 2018 lorsque je préparais mon voyage au Cap Nord, j’ai rapidement été séduit par un aspect totalement con de mon périple ! L’autoroute… Mais pas n’importe lequel ! Le fameux Autobahn… Vous savez, celui qui excite les neurones (ou l’absence de neurones) de n’importe quel bourrin qui se dit un jour « Avec ma moto j’irai vite ! Très vite ! Très très vite ! »…

Celui qui fait que certains en arrivent à se faire faire ce genre de tatouages 🙂

Achtung : pour bien comprendre la suite, il faut que je fasse une petite mise en situation pour t’emmener avec moi cher lecteur / chère lectrice !

Beaucoup de kilomètres, pas beaucoup de temps…

Le Roadtrip au Cap Nord, c’était mon premier voyage en solo pendant aussi longtemps, aussi loin, à moto (oui oui, on dit bien à moto, et pas « en » moto, un grand merci à Camille 😉 ) et en solo :

8600 kilomètres à faire en 15 jours… (trajet disponible ici)

Autant dire qu’il ne fallait pas trainer ! D’autant moins que le plan de route était simple : rejoindre le plus vite possible le Cap Nord pour profiter de la côté Norvégienne au retour sur laquelle sont juste condensés tous les meilleurs spots qu’on puisse trouver pour en avoir plein les yeux !

Pas beaucoup d’autre choix donc que d’avaler le plus de kilomètres possibles le plus vite possible pendant le moins de temps possible.

En d’autres termes, il fallait que je fasse 3600 km en 3 jours ! Et dire que je ne connaissais pas l’Iron Butt Challenge à ce moment là… PPpfff…

Vous voyez mieux où je veux en venir ? Non ? Alors je ne vous fais pas attendre plus que cela…

Poignée dans le coin

Il m’aura fallu un tout petit peu plus de 3 heures pour traverser l’Allemagne d’Aix la Chapelle à Puttgarden soit près de 650 kilomètres ce que Google Maps annonce faisable en environ 6h

Allez, ne perdons pas de temps à faire des calculs bizarres ! Tout ce que je peux te dire, c’est que :

  • quand on demande à un 4 cylindres de travailler comme ça, les 1300 cm3 ont besoin d’être rassasiés très régulièrement (tous les 170 km environ, soit 4 ravitaillements en route, qui ressemblaient plus à des Pit Stops qu’à des pauses…), alors que le réservoir fait quand même 19 litres !
  • à cette vitesse, on ne voit rien ! Mais alors rien du tout ! Si ce n’est une espèce de petite vignette droit devant pile entre les deux rétros qu’on ne regarde même plus de peur de se faire arracher la tête,
  • que c’est tout de même surprenant quand une voiture de police se déporte pour te laisser passer en te faisant un coucou au passage…
  • qu’il vaut mieux ne pas penser à ce qui peut se passer si… bref…
  • mais surtout, qu’il n’y a pas vraiment de plaisir à cela !

Il est où le plaisir ?

Je ne sais pas si c’est du fait de la moto, totalement inadaptée à ce genre de bêtise, ou si c’est le trajet, tant la route est monotone et anxiogène, mais je ne peux pas dire que j’y ai pris du plaisir. Les accélérations démoniaques, c’est grisant. Les virages, c’est marrant. Les cortèges de Mercedes AMG, BMW M et autres Porsche qui te laissent passer, c’est surprenant. Mais globalement, ça n’est pas plaisant. 

Pour mieux comprendre pourquoi, il faut savoir ce qu’il se passer à cette vitesse, et sur cette moto (eh oui… j’imagine que si j’avais eu une bulle pour me protéger, ou un bout de carrénage pour moins m’exposer, je n’aurais pas forcément vécu la même chose…)

Ca vibre dans tous les sens !

Déjà, tu sens tes valises vibrer à l’arrière (pourtant, ils l’ont dit qu’il ne fallait pas aller à plus de 150 km/h avec ces machins à l’arrière !), et tu ne peux pas t’empêcher de régler les rétros pour les voir dans un coin, histoire de t’assurer que tu ne les perds pas en route,

Tu vois rien dans tes rétros même si tu t’en fous

Bons de toute façon, tes rétros, à cette vitesse là, ne te servent pas à grand chose ! C’est comme si on te demandait de lire un livre ouvert collé sur ton oreille sans avoir le droit de tourner la tête ; autant dire que tu ne vois pas grand chose,

Tu fais un génocide de bestioles sur ton casque

D’ailleurs, ta vue en prends un coup, comme évoqué plus haut, et surtout, ton casque devient un attrape bestioles en tout genre ; l’avantage, c’est que quelle que soit la taille de la bestiole, quand elle s’écrase sur ta visière, c’est sans délicatesse aucune, et ça réveille d’un coup d’un seul si nécessaire. En fait il faut imaginer te mettre la tête sous une casserole sous un orage de grêle…

A chaque instant tu crois que ta tête va s’arracher

Le casque justement, tu prends soin de le coller dans une position dans laquelle tu seras le moins inconfortable ! En gros, tu prends un treuil et tu l’accroches au réservoir pour être sûr qu’il reste sur ta tête, que ta tête reste sur ton corps, et que ton corps reste sur la moto…

Tu guettes la réserve

Concernant le réservoir, tu oublies la jauge. Le moindre mouvement à cette vitesse t’arracherait de la moto, donc en fait, tu guettes juste du coin de l’oeil le petit voyant orange qui s’allume quand tu arrives sur la réserve ; et évidemment, dès que tu arrives sur la réserve, tu es pris dans cet éternel dilemme : je lève le pieds (ou la main plutôt) et je sécurise, ou je pars du principe que j’arriverai sans soucis à la prochaine station service… La réponse ? Bah…. Voilà… Tu joues 🙂

Tu perds la notion de vitesse

Et bizarrement, quand tu prends la sortie pour la première station service, tu te dis que 130 km/h, c’est plutôt raisonnable…. Tu as même le sentiment de te traîner en fait. Et puis ton cerveau refait surface, et là tu te dis que 70, puis 50, puis 30, c’est bien plus adapté…………

Final Cut…

Alors au final, c’est bien ou c’est pas bien d’aller à 250 km/h avec un roadster de série ?

Pros Cons
  • Dans ces périodes de limitation, ça reste grisant de voir le compteur s’emballer… 100, 130… 140… 160……. 200………. 250………………….. !
  • On voit pas passer la route !
  • On prend quand même une bonne poussée d’adrénaline…
  • On laisse à peu près TOUT ce qui roule sur place…
  • On pourra dire, un jour, à ses petits enfants « je l’ai fait, et en plus, j’étais en règle ! »…
  • On siphonne le réservoir en moins de temps qu’il en faut pour le remplir !
  • On use les pneus bêtement là où…
  • On ne prend pas vraiment de plaisir…
  • On réalise après coup que, 250, finalement, c’est peut être un peu beaucoup quand même, et qu’à cette vitesse, il n’y a pas vraiment de aucune marge de manœuvre…
  • On fait mal au bonhomme…. et à la machine 🙁

Au final, je ne peux pas te dire que je ne sois pas content de l’avoir fait, mais je peux te dire que je ne suis pas sûr de le refaire dans ces conditions et avec cette moto en tout cas…


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