La Transpyrénéenne : un défi de 1200 bornes en 3 jours…

La Transpyrénéenne : un défi de 1200 bornes en 3 jours…

08/05/2025 8 Par Pierre-Emmanuel BOURGOUIN

A la base, j’avais prévu de me faire une virée tranquille au Pays de Gales… Mais ça, c’était avant comme dirait l’autre… Avant que E., mon pote avec qui j’ai fait l’Islande et le Maroc, se pointe et qu’on se dise, le samedi juste avant, que ça pourrait être sympa de faire la Transpyrénéenne à moto ! Et c’est vrai que c’est sympa dans l’absolu ! Il n’y a pas de débat là dessus…

Mais là où ça devient cocasse, c’est quand tu commences à poser le projet de façon un peu plus pratique… Et que tu prends conscience que ça va pas être si simple que ça vu les contraintes à gérer 🙂 

Alors si toi aussi tu as envie de te lancer à l’assaut des montagnes, voilà un petit retour d’expérience qui je l’espère te sera utile 🙂 

Analyser froidement la situation

On est à J-3 du départ.

Après, c’est vrai, on part pas au bout du monde non plus…

Ma meule (la 701 enduro) est prête, équipée pour partir, j’ai deux ou trois petits ajustements à faire mais ça ira.

La meule d’E. (toujours sa Ducati DesertX) est quasi prête, mais ses pneus sont bien entamés et ne permettront pas de faire le trajet de Paris aux Pyrénnées par la route et d’enchaîner sur la Transpyrénéenne à moto…

Entre le taf et le reste, ni lui ni moi n’avons le temps de nous occuper de les changer avant le départ.

En prime, la météo est instable et on n’a pas envie de mettre inutilement des bornes à nos moulins. 

On partira donc avec le meilleur setup du monde : les meules sur la remorque derrière la golf ! Comme ça, on fait le trajet confortablement installé depuis Paris, et on préserve nos meules (et surtout les crampons) pour la Transpyrénéenne ! 

Trouver un spot où lâcher la bagnole et la remorque

Alors c’est bien sympa de voyager comme des coqs en pâtes, mais faut quand même qu’on trouve un endroit où poser la voiture et la remorque en sécurité pendant qu’on sera sur les pistes…

Du coup, ni une ni deux, une petite story sur Insta et là, la magie opère !!! Le jour même, un pote nous apprend que sa famille habite dans le coin d’Hossegor et qu’on peut laisser tout ça là bas ! Trop cool !

Après, faut être honnête aussi, j’ai eu au moins 5 propositions ! Alors j’en profite pour tous vous remercier les gars (et les filles) d’avoir été si cool et si réactifs ! Franchement ça fait plaisir de voir autant d’occasion de rendre le virtuel bien réel ! Et c’est promis, dès que je repasse dans le coin (et ce sera dans pas longtemps… Teasing….) de façon moins furtive, je vous paye ma tournée ! 

Se frayer un chemin

Bon, donc maintenant, on sait quand on part, on sait où on part, on sait comment on part, mais on ne sait pas encore très bien quel chemin on va faire ! Ca tombe bien, il nous reste un peu de temps pour préparer un bout de trace qui tienne la route…

Go sur les sources habituelles, à savoir, le TET (Trans Euro Trail), Wikiloc et… Un petit nouveau : l’ACT (Adventure Country Tracks) !

Attention, quand je dis nouveau, c’est pour moi en tant qu’utilisateur, parce que cette espèce de « concurrent payant » du TET existe depuis pas mal de temps… Bref, je te laisse te documenter si tu veux en savoir plus sur ces sources.

J’utilise gpx.studio pour construire notre propre trace en essayant d’être sur un mix 50% off-road et 50% bitume avant de tout balancer dans DMD2 qui devient la seule appli que j’utilise en navigation (d’ailleurs tu peux checker le trash test que j’avais fait entre DMD2 et OsmAnd ici si tu veux).

Tout ça pour accoucher de cette trace d’un peu moins de 1200 bornes :

Faire rentrer un carré dans un cercle

Là ça devient marrant, parce que du coup, on sait qu’on a :

  • 760 km pour aller de Paris à Hossegor, et autant pour revenir,
  • 1200 bornes de trace d’Ouest en Est,
  • 550 bornes pour rentrer du Cap de Creus jusqu’à Hossegor,
  • et 4 jours (et 5 nuits max) pour faire tout ça !

Easy non ?!

On partira donc mercredi après le taf pour Hossegor, on essaye de se rapprocher le plus possible du départ de la trace, on enchaîne avec 3 jours de roulage de jeudi à samedi à 400 bornes par jour, et on accepte que le dimanche soit la journée de l’enfer avec la jonction pour rentrer à Hossegor puis à Paris…

Kiffer sa meilleure vie sur la Transpyrénéenne…

Bah voilà ! Maintenant que le projet est posé, il n’y a plus qu’à profiter…

Je te passe la partie en bagnole à l’aller ou au retour, il n’y a pas grand chose à raconter si ce n’est que c’est long, chiant, et qu’il y a eu des embouteillages après la rocade de Bordeaux jusqu’à la jonction pour Arcachon. A part ça, RAS…

On arrive donc à Hossegor le mercredi soir et… Va savoir pourquoi, j’étais convaincu qu’il fallait « juste » qu’on aille jusqu’à Bayonne, à 20 bornes de là avec les meules… En fait il fallait descendre jusqu’à Hendaye, 40 km plus loin… A part 4 lettres communes, rien à voir ! Bref, c’est pas bien grave…

Et si t’as la flemme de lire la suite, voilà le résumé en 3mn en vidéo 🙂 

On s’enfile plus de 400 bornes de bonheur le premier jour…

Du coup, on coupe légèrement la trace pour la récupérer 60 bornes après le point de départ prévu à la base, mais pour directement rentrer en matière.

Petit soucis d’adhérence…

Et là, déconvenue de dingue ! Je n’arrive pas à me faire à mes nouveaux pneus !… Autant j’étais méga à l’aise avec les Michelin Enduro Médium que j’ai savaté sur tout type de terrain, autant là, avec les Metzeler MC360 Mid Soft, j’ai l’impression qu’ils se dérobent à chaque cailloux ! Bref, je suis méga sur la réserve…

Petit soucis d’équilibre…

Pour ne rien gâcher, première petite galère au passage d’une barrière à bétail ! E. passe en premier, je le suis de quelques centimètres sur sa droite. Qu’est-ce qu’on a fouttu ? J’en sais rien franchement… Mais E. pose le pied à terre, qui passe donc à travers les barreaux, perd sa meule, se croute, et me fauche au passage. Le guidon de la 701 est coincé dans la barrière, E. entre nos deux meules, et moi entre ma moto et la barrière ! Sympa le tableau… Tout ça devant des randonneurs qui pris de pitié viennent nous filer un coup de main. Bon, à part l’égo, pas de bobo 🙂 

Petit soucis de direction…

Mais du coup seconde chute derrière quand la roue arrière de la Ducat reste coincée dans une ornière ! Jolie glissade, toujours sans bobo 🙂

Cette Transpyrénéenne s’annonce plus compliquée que prévue…

Mais gros kif de pistes…

Pourtant, ensuite, on a enchaîné des pistes de dingue toute la journée ! Un peu de forêt et de sous bois, beaucoup de pistes sur les crêtes, et dans tous les cas du très très roulant. On arrive comme ça à enchaîner un peu plus de 400 bornes dans la journée, et on se pose dans un camping pour l’occasion…

Une seconde journée entre les gouttes bassines de flotte !

Contents de notre première journée, on se prend un bon petit déj avant de reprendre la route. E. est chaud bouillant et se permet même d’improviser une trace au vol pour nous éviter quelques kilomètres de bitume. 

Un peu de neige…

On continue et là on croise Dimitri, en 990, qui nous fait signe de nous arrêter. A priori, la piste est bloquée par de la neige quelques kilomètres plus loin. Je dis « a priori », parce qu’il me dit « toi tu peux peut être passer ». Du coup, on se dit qu’on tente avec E. et Dimitri se joint à nous. Et le bestiau avait manifestement besoin de relâcher la pression. On part comme des balles avec E. et D. nous colle. Il envoie du pâté à tel point que je commence à me dire que c’est pas très prudent ce qu’on fait… Du coup, je le laisse passer pour me caler un peu plus loin histoire de ne pas bouffer trop de poussière.

Quand on arrive en haut, on est en effet bloqué par la neige ! Mais on commence à s’engager jusqu’à ce que des Espagnols débarquent en 4X4 pour nous dire que ça ne sert à rien…

Il y a un éboulement juste après qui a coupé net la piste ! Et évidemment…

Beaucoup (beaucoup beaucoup) de pluie

C’est à ce moment là qu’arrive… La pluie ! Enfin… On va se prendre des bassines de flotte sur la tronche toute la journée, mais on ne le sait pas encore…

On continue dans la forêt en traçant à vue, et en espérant récupérer la trace un peu plus loin. 

Mais il pleut tellement qu’on est détrempé… Et boum ! La bonne glissade dans une ornière… Heureusement, E. n’a (toujours) pas de bobo et on reprend notre chemin… Trempés jusqu’aux os… 

On récupère la trace, et on se pose pour manger un morceau…

Un bon tas de caillasse

Avec un petit regain d’énergie, on repart dans les cols et on se retrouve à nouveau sur des pistes roulantes. Enfin plutôt de la piste de berger entre deux petits villages… Mais malgré la pluie, ça roule bien et vite ! On fait contre mauvaise fortune bon coeur, et je dois reconnaître que même si ça me rappelle les premiers jours du Hellas Rally 2023, je prends pas mal de plaisir malgré les conditions…

Quelques kilomètres plus loin, on rejoint un chemin qui redescend de l’autre côté de la montagne. Ca glisse dans tous les sens, il pleut de plus en plus et… 

Manque de bol, on arrive face à un énorme éboulement ! Impossible de passer, malgré toute notre bonne volonté… C’est reparti pour un demi tour et un énorme crochet pour récupérer la trace plus loin…

Ca sent le sapin…

Malheureusement, on doit se résoudre à d’abandonner pour aujourd’hui.

On n’aura fait que 260 bornes aujourd’hui, et en plus, en coupant pas mal la trace à la fin, mais on ne prend aucun plaisir tellement les conditions sont devenues dégueulasses…

On se trouve même un petit hôtel à Bellver de Cerdanya (magnifique petit village médiéval au passage !) histoire de sécher nos fringues…

Cette Transpyrénéenne est pleine de surprises ! 

Du gros gaz (et une grosse boulette) pour cette 3ème journée

Après une seconde journée un peu en demi-teinte, on se réveille avec une énoooorrrrmmmmeeee envie de bouffer de la piste ! Et malgré le brouillard un peu dense au réveil, le ciel se dégage assez vite ! On expédie le petit déj, on s’équipe, et feu ! 

L’appel de la forêt

Après avoir fait quelques kilomètres de route de montagne, on s’engage directement sur les pistes qui serpentent dans la forêt. Et là, je dois dire que mes pneus avec lesquels j’ai eu tant de mal jusqu’à présent sont parfaits (bien qu’attaqués…) ! On croise quelques cyclistes courageux, deux SSV et un quad, et on se lâche comme des gorets !

Franchement, je garde le spot en tête parce que manifestement ce coin regorge de pistes comme ça dans lesquelles on aurait pu passer la journée !

Mais il faut qu’on avance, et on serpente maintenant sur le TET Espagne, section 14 ! 

La tête dans les nuages

De fil en aiguille, on arrive maintenant sur une piste de montagne de dingue peu après le petit village de Planoles. Des kilomètres et des kilomètres à enrouler les virages et les lignes droites poignée dans le coin.

Personne en chemin, sauf une bagnole de flic (mais on en dira pas plus… 😉 ) 

Franchement, on avait l’impression que ça ne s’arrêterait jamais, et surtout, qu’on n’avait qu’une seule chose à faire : profiter ! 

Je te pose une vidéo bientôt histoire d’illustrer un peu mieux le propos 🙂 

Une binouse bien méritée

Toute la journée sera ensuite ponctuée de petites routes, de pistes qui serpentent entre les arbres, ou sur une crête, rien de technique, rien de problématique, aucune galère… Limite chiant en fait 🙂 Naaaannnn… Je plaisante ! Une journée comme on aimerait en passer des milliers en fait, avec pour récompense, une binouse au Cap de Creus qui surplombe la Méditerranée. 

On l’a (presque) fait ! Une Transpyrénéenne en 3 jours ! Un peu moins de 1100 bornes au final à rouler de l’Atlantique à la Méditerranée ! On a un peu de mal à réaliser pour être franc, parce qu’à coup de plus de 11h de moto par jour, on est un peu défoncé…

Mais on kif, on profite, on admire, et…. 

La mauvaise idée de trop

On se dit qu’on va commencer à rentrer tranquille pour Hossegor ! 

Là, on devait filer au Nord pour passer la frontière puis prendre plein Ouest pour arriver 550 bornes plus tard à destination. Et évidemment on devait prendre l’autobeurk… 

Comme on était bon question timing, on s’est dit qu’on allait plutôt prendre de la petite route pour se rapprocher, et qu’on finirait comme prévu le lendemain… Et là… La (petite) catastrophe ! 

Je ne sais pas comment je me suis démerdé, mais on s’est retrouve à piquer vers Barcelone et Vic sur de l’autoroute Espagnole… On a été tellement saoulé qu’on a cherché un hôtel, mais rien de vraiment abordable dans le coin… 

Du coup on a remonté jusqu’en Andorre, soit 350km de route !!! 

J’aime autant te dire que quand on est arrivé à l’hôtel à 23h, sous la pluie évidemment, on faisait pas les malins…

Jour 4 : 400 bornes de jonction horrible…

Ce qu’on ne savait pas, c’est que ce n’était pas encore le pire ! Le pire, c’était ce dimanche qu’on allait le vivre…

Voilà voilà ! Cette photo résume assez bien la situation… 

Se taper plus de 400 bornes de route, les pneus défoncés, sous des trombes d’eau (au début en tout cas) et par un froid polaire (j’exagère, mais il ne faisait pas plus de 5° quand on était dans les montagnes en partant…)

Mais voilà, c’est le prix à payer pour une Transpyrénéenne comme celle qu’on a voulu faire…

Bon, au final, tout s’est bien passé, et on est arrivé à destination sans soucis 🙂 

Alors maintenant, l’heure du bilan…

Si toi aussi tu veux te lancer sur la Transpyrénéenne

Franchement, j’ai été conquis ! Pas la peine d’aller au bout du monde pour se faire plaisir, on a beaucoup de belles choses à découvrir déjà près de chez nous. Et en plus, dans de bonnes conditions !

Les traces, que ce soit de l’ACT ou du TET, sont globalement très bonnes et accessibles (50/50 off-road/onroad) y compris à des maxi trails ! D’ailleurs, je pense y retourner en juillet avec la 1290 cette fois ! Il faut juste monter des pneus durs qui vont bien dans la caillasse, parce que les gommes molles comme celles que j’avais ne sont vraiment pas recommandées… 

Après, le budget global est pas délirant !

  • 145€ d’essence dans la 701 pour 85l cramés et 1750km roulés en tout (soit un peu moins de 5l/100 de conso moyenne !)
  • 70 balles de péage à la louche et 300€ de diesel dans la Golf pour le trajet Paris-Hossegor-Paris (pour 1500 bornes) soit 185 par personne,
  • 180 balles d’hébergement pour 4 nuits par personne

Soit un budget total par personne de 500 balles. Bon, objectivement, on aurait pu épargner sur le budget hébergement, mais entre le froid et la pluie, on a choisi l’option confort… 

Du coup, tu sais quoi ?

J’ai hâte d’y retourner cet été pour profiter un peu plus du paysage 🙂 

Les photos de la Transpyrénéenne


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